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DE LA VILLE DE PARIS.
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[i57i]
lieu du hault duquel estoit la devise du Roy, qui sont les deux colonnes avec l'inscription :
PIETATE ET IVSTITIA
En l'une des joues de cest arc, estoit ung tableau de riche et excellente peinture, representant une femme couchée et appuyée sur son coulde, ayant plusieurs mammelles et petis enfans à l'entour d'elle, environnée de toutes sortes de fleurs, fruictz, espicz de bled et grappes de raisin, tenant en une main la corne d'Amaltée et en l'aultre la boete de Pandore demie ouverte; et au dessoubz ce quatrain :
France heureuse en mainte mammelle,
Ceinte d'espis et de raisins,
Nourrit des biens qui sont en elle
Les siens bt ses proches voisins. [R]
En l'autre joue estoit ung aultre tableau de peinture très agreable, auquel estoient depeinctz quantité de saules et serpes près les branches d'iceulx, signif-fiant ceste France invincible en quelque adversité qu'elle puisse avoir, comme l'on voit que les saules, plus sont couppez tant plus foissonnent et multiplient. Au dessoubz duquel, estoit escript cest autre quatrain :
Malgré la guerre, nostre Gaule,
Riche de son dommage, croist
Plus on la couppe, comme ung saule,
Et plus fertille elle apparoist. [R]
Telle fut la description de cest avant portail, auquel pour plus grande decoration estoient en aucuns endroictz masques de bronze, mesmement à chacun des costez et sur la clef du milieu, en quoy ce peult considerer que cest ouvraige avoit esté faict et conduict de main de maistre'J'. (Voir planche I.)
Depuis cest avant portail jusques à l'entrée de la Porte, estoit ung berceau de menuiserie couvert de lierre, fort plaisant à regarder, ayant les mailles d'ung pied de large; en chacune desquelles avoit des grosses rozaces d'or de relief, qui convenoient si bien avec la verdure qu'il sembloit que ce fust chose naturelle el proprement ung vray berceau de jardin, lant il estoit bien couvert d'umbrage, à quoy
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aidoit et portoit faveur le beau jour qu'il faisoit lors. Ce berceau passé, se trouvoit le boullevert de la porte Sainct Denys, environné d'une ceinture de deux gros festons de lierre et or clinquant, dedans laquelle estoient les armoiries du Roy, de la Royne sa Mere, de la Royne son Espouse, Monsieur, Monsieur le Duc et Princes du sang, environnées aussi de lierre et or semblable, qui ornoit grandement co boullevert. A quoy sa Majesté demonstra recevoir grande délectation et plaisir.
Par lequel arc, figures, devises et peintures d'icelluy, estant representé l'antiquité et premiere origine de noz Rois', ensemble la grandeur et fertilité de ce royaulme, de tout temps invincible en quelque adversité qu'il luy ayt sceu venir; en passant, on a voulu sommairement toucher par qui et comment il a esté conservé dé tant d'afflictions et assaulx, qui luy sont survenuz durant les troubles et guerres civiles, lesquelles depuis dix ans ont, par ne sçay quel malheur, travaillé cest estat''2'.
A ceste fin, ung peu plus loing que ladicte porte Sainct Denis, à la fontaine du Ponceau'3', estoit la figure d'une Déesse habillée à l'antique, dont le visage rapportoit singullierement bien'4' à celuy de la Royne, Mere du Roy, laquelle avoit les deux mains ouvertes eslevées plus hault que sa teste, pour soustenir à peine une carte Gallicanne, pleine de villes, bourgs, bourgades", prez, forestz., rivieres, mon-laignes et vallées ; au millieu de laquelle carte estoit escript en grosse lettre :
GALLIA
Au costé d'icelle, estoient deux petitz pilliers ou termes, sur l'ung desquelz s'eslevoit ung sceptre, et a costé ung ceil etune oreille. Au pied duquel terme estoit une grue, ung liepvre et ung daulphin, pour faire entendre que ceste Royne très vertueuse a soustenu et supporté la France, renversée et desreglée, au plus fort de son mal; l'œil signiffiant, comme aussy faict la grue, le lievre et le daulphin, la vigilance et promptitude dont elle a usé en si grandes affaires;
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'■' La décoration si longuement décrite de la porte Saint-Denis est représentée par une gravure qui occupe le recto du folio 13 do la relation imprimée. Nous en donnons la reproduction ci-contre (planche I).
<-' Dans le Registre B on trouve cette inversion : «ont, ne sçay par quel malheur, travaillé cest estat n.
(3) La fontaine du Ponceau était située rue Saint-Denis, à l'endroit où fut ouverte en i6o5 la rue du Ponceau, lorsqu'on eut couvert l'égout sur lequel était jeté ce petit pont. A l'entrée du cardinal d'Amboise, en i5o2, elle est appelée la Fontaine la Roirie. (Tome I" de cette collection, p. 68.)
'*' Var. "bien singulièrement!! (B).
34.
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